Le nord de l’île de Vancouver est l’un de ces endroits préservés qui n’a pas trop subi les dérives de l’homme et qui a la chance de bénéficier d’un éco système riche. Grâce à cela, lorsque l’on a l’immense privilège de naviguer les eaux du Pacifique Canadien, nous pouvons y rencontrer une faune sauvage marine des plus incroyables !
Les orques sont les enfants chéries de ces eaux froides, certaines y vivent été comme hiver, d’autres ne font que passer. C’est le cas des orques dites transientes qui se nourrissent de tout ce qu’elles peuvent trouver dans l’océan!
Un matin d’octobre, la douceur de l’été avait fait place au piquant de l’automne mais de timides rayons de soleil promettaient une matinée qui valait le coup de se lever et enfiler nos combinaisons pour sillonner ces eaux glacées. Avec une distance de sécurité réglementaire, nous nous arrêtons pour observer une famille d’Orques transientes prêtes à festoyer sur un lion de mer.
Cela va très vite, les cris de paniques des lions de mer sont angoissants et à la fois je mesure la chance que j’ai d’assister à cette scène inédite, elles sont organisées, elles chassent en famille, elles piègent leur proie et en un éclair le sort de ce malheureux était scellé. Un silence glaçant nous entoure, et soudain les orques se mettent à chanter en guise de célébration, nous pouvions très distinctement les entendre grâce à un hydrophone placé sous l’eau.
Quel chant magnifique, ces notes aigues et rieuses nous font retomber en enfance. Toujours immobiles sur notre zodiaque, moteur arrêté, la famille d’Orques qui pouvait entendre leurs propres vocalisations à travers l’hydrophone, vient à nous, elles nous encerclent afin de nous montrer leur trophée et peut être nous avertir de notre sort si jamais nous tombions à l’eau !
Quel moment magique, elles nagent en dessous de nous, elles chantent, elles sautent, elles partagent leur fin de repas avec nous, elles sont si proches qu’on pourrait les toucher. Cette journée restera gravée dans ma mémoire à jamais, le contraste si fort entre la beauté et la brutalité de la nature nous rend humble et on ne peut que s’incliner devant cette justesse, cet équilibre qu’est le cycle de la vie.