Les serpents ne sont pas les animaux favoris de la plupart des gens qui visitent des pays tropicaux, certainement dû à la construction sociétale autour de la dangerosité de ces reptiles fascinants, ils sont souvent fuis et on détourne le regard lorsque l’on voit une photo de serpent.
Je les crains autant que je les admire, j’ai appris à rester immobile, silencieux, à compter mes gestes, à rester calme face à ces reptiles aux couleurs flamboyantes armés de venin mortel. Il est excitant d’être face à des créatures de la nature qui peuvent décider de notre sort en un coup de crocs, cela nous remet à notre place, cela nous apprend à respecter leur espace vital et à ne pas perturber leur existence.
Souvent accroché aux arbres ou en train de se recharger au soleil, le serpent ne va pas s’embêter à attaquer l’homme s’il ne se sent pas en danger, nous pouvons tout à fait cohabiter avec eux sans que cela ne se transforme en drame, cela demande beaucoup de contrôle de soi, pour ne pas apparaître comme une menace à leurs yeux. J’aime photographier des animaux dont la plupart des humains ont peur tout simplement pour leur redonner leur place au sein de la grande famille d’êtres vivants que nous sommes, ils sont sur terre dans un but, comme nous tous, nous avons la place pour coexister ensemble sans être effrayés l’un par l’autre.
Cette photo prise au Costa Rica lors d’une journée mémorable autour du volcan Arenal me donne un sentiment d’unité avec l’animal, il dormait tranquillement, je suis resté calme à distance pour l’admirer et le photographier, l’immortaliser, rendre compte de sa complexité et de son unicité. Tout en essayant de ne pas perturber sa sieste, qu’il ne se doute même pas de ma présence et c’est ce qui me plait le plus dans la photographie animalière, admirer ces créatures sans interférer dans leur existence.