Pour ma première visite dans la vallée de Bella Coola, je ne m’attendais pas au chemin épique qu’il fallait emprunter pour y accéder. Après avoir traversé tout le plateau du Chilcotin et croisé quelques locaux seulement, on a ce sentiment qu’on s’enfonce dans les contrées lointaines des côtés du Pacifique canadien , et à juste titre.
La route devient graveleuse, un panneau nous indique une descente vraiment pentue, la nécessité d’utiliser des chaînes, dans quoi nous embarquons nous ? Pluie, épais brouillard qui empêche d’avoir une quelconque visibilité, la route est étroite et sinueuse, non pavée, des ravins tantôt à gauche tantôt à droite et une circulation à double sens qui devient chaotique quand on croise le chemin de camions !
Un cocktail parfait pour une rencontre avec cet ours noir gigantesque qui se baladait dans la passe tranquillement, c’est la première fois que je voyais un ours de si près. Il marchait à côté de la voiture d’un pas bien décidé, ne semblant nullement être perturbé par les conditions climatiques ou par notre présence. Ma femme tient le volant tant bien que mal pendant que je prends ce cliché qui a été mon tout premier portrait d’ours.
La composition de cette photo me plaît tout particulièrement car tout est réuni, l’animal marchant d’un pas déterminé, le regard assuré, la puissance et la force de son allure, la pluie recouvrant son pelage, la brume qui donne un côté mystique, comme pour dire «bienvenue dans cette vallée pas comme les autres».
La première fois que j’ai montré cette photo à un photographe animalier qui venait séjourner dans l’endroit où je travaillais, il m’a dit « Oh that’s a big boy, good job ! », ce cliché fait partie de mes favoris car c’est le point de départ de mon histoire d’amour avec la vallée de Bella Coola.
